IMPACT

RENFORCEMENT DE L’ACTION HUMANITAIRE

Au village, nous cultivions autrefois nos terres.

C’est sur nos terres que nous résidions, travaillions, semions, mangions et buvions. Nous étions très heureux et heureuses. Aujourd’hui, alors que nous pensions vivre dans la stabilité et en sécurité, nous nous apercevons que nous devons à nouveau nous déplacer.

Mofada et ses enfants dans un camp à Marib

Hier, j’ai emmené ma fille à l’hôpital. Il nous a fallu 45 minutes à pied, car il n’y a pas de transports publics. Cette marche sous le soleil a fatigué ma fille. Le médecin nous a dit qu’elle souffrait de malnutrition.

Il nous a recommandé de revenir régulièrement, mais je n’ai pas les moyens de payer le transport ni le lait pour elle. Nos revenus ne sont pas réguliers, car il n’y a pas de travail. Ainsi va la vie, mais nous luttons pour vivre. » 

– Mofadal 

Lorsque la guerre a éclaté au Yémen, Mofadal et sa famille n’ont eu d’autre choix que de s’exiler. Dans leur fuite, ils ont perdu toutes leurs possessions. Dans ces conditions stressantes, la femme de Mofadal a vu sa routine d’allaitement perturbée. À cause des déplacements à répétition, Mofadal n’a pas pu trouver un emploi régulier.

Il rêve d’envoyer ses enfants à l’université, mais avec la guerre qui s’éternise, ce rêve s’éloigne de plus en plus. 

Partout dans le monde, des millions de personnes subissent les conséquences des conflits et des catastrophes. On estime qu’il y avait 108,4 millions de personnes déplacées dans le monde fin 2022. Et malgré une production alimentaire plus que suffisante pour nourrir chaque être humain sur la planète, 783 millions de personnes souffriraient encore de la faim dans le monde.

NOTRE TRAVAIL

PARTENARIAT AVEC LES COMMUNAUTÉS FACE À UNE CRISE

Le personnel humanitaire d'Oxfam s'entretient avec Abdalla Dullow, un membre de la communauté déplacé par les inondations dans le village de Baraka, comté de Garissa

Nous travaillons de concert pour protéger et sauver des vies, en nous concentrant sur les personnes et les communautés en situation de vulnérabilité avant, pendant et après les crises.

Les besoins humanitaires ont atteint des niveaux record en 2022-2023, intensifiés par l’impact mondial de la guerre en Ukraine, les effets de la crise climatique et l’impact économique durable de la pandémie de COVID-19 sur les crises en Asie, en Afrique et au Moyen-Orient.

Les événements météorologiques extrêmes combinés à l’augmentation du coût des denrées alimentaires, de l’énergie et des produits agricoles ont creusé les inégalités et démontré une fois de plus qu’il est important non seulement d’intervenir, mais aussi de s’attaquer aux causes profondes des situations d’urgence. 

Nous avons la conviction que les interventions humanitaires sont plus efficaces et plus efficientes lorsqu’elles sont menées par des personnes issues des communautés et des pays touchés.

Nous avons investi dans le renforcement du leadership des acteurs locaux et nationaux et avons mené des interventions au Pakistan et en Ukraine en mettant l’accent sur ce rééquilibrage du pouvoir.

Nous avons également collaboré avec des alliés locaux et internationaux pour plaider auprès des principaux bailleurs humanitaires, dont beaucoup ont désormais adopté des lignes directrices modifiant leur façon de travailler avec des milliers d’organisations locales de la société civile. Par ailleurs, notre plaidoyer continue d’être porté par des groupes locaux.

Pour donner du pouvoir aux personnes touchées par une crise, il faut en premier lieu comprendre leurs besoins.

C’est pourquoi nous continuons à élargir l’utilisation du Tracker des Perceptions Communautaires et à renforcer les mécanismes de consultation et de participation qui soutiennent tous les acteurs humanitaires, par exemple par le biais du projet Sani Tweaks.

Pour renforcer encore la capacité d’agir des personnes et promouvoir le respect et la dignité, plus de 23 % des dépenses humanitaires d’Oxfam ont été effectuées sous la forme de transferts monétaires en 2022.

Cela permet de soutenir davantage le rôle des groupes locaux et le transfert du pouvoir, par exemple avec des transferts monétaires de groupe aux populations touchées par une crise, en veillant à ce qu’elles puissent prendre des décisions sur leurs dépenses de manière individuelle et en groupe. 

Pour donner du pouvoir aux personnes touchées par une crise, il faut en premier lieu comprendre leurs besoins.

C’est pourquoi nous continuons à élargir l’utilisation du Tracker des Perceptions Communautaires et à renforcer les mécanismes de consultation et de participation qui soutiennent tous les acteurs humanitaires, par exemple par le biais du projet Sani Tweaks.

Pour renforcer encore la capacité d’agir des personnes et promouvoir le respect et la dignité, plus de 23 % des dépenses humanitaires d’Oxfam ont été effectuées sous la forme de transferts monétaires en 2022.

Cela permet de soutenir davantage le rôle des groupes locaux et le transfert du pouvoir, par exemple avec des transferts monétaires de groupe aux populations touchées par une crise, en veillant à ce qu’elles puissent prendre des décisions sur leurs dépenses de manière individuelle et en groupe. 

Alors que les conflits se multiplient et durent plus longtemps, il est essentiel de protéger les populations contre les menaces.

Parmi les principales initiatives menées par Oxfam en 2022 figure un projet avec le réseau NEAR consistant à fournir aux acteurs humanitaires locaux intervenant dans certains des pires conflits mondiaux des outils et une formation pour plaider en faveur d’une meilleure protection des populations civiles.  

Face à la crise alimentaire en Afrique de l’Est, Oxfam a apporté son aide aux communautés touchées et a travaillé avec des partenaires pour analyser le coût terrible de la négligence dans une crise qui, malgré les avertissements et les alertes, a été trop longtemps ignorée par les responsables au pouvoir. Nous avons tiré la sonnette d’alarme sur cette crise en publiant des communiqués de presse et des articles de blog et en informant directement les responsables politiques de l’impact de la sécheresse sur les personnes en situation de vulnérabilité, en particulier les femmes et les communautés pastorales. 

Des membres du personnel d'Oxfam du KEDV discutent de questions pour coordonner efficacement l'aide d'urgence dans le camp

NOTRE TRAVAIL À TRAVERS LE MONDE

Ali Shire Omar, agriculteur
De l'eau est distribuée dans le sud-est de la Turquie et en Syrie après le tremblement de terre
Une réfugiée ukrainienne
Les membres de la coopérative des femmes Matiya et du programme de leadership de quartier d'Oxfam KEDV emballent les repas préparés
L'imam, épouse d'Abdul Latif, lave les mains de ses enfants avec les eaux de crue
Personnes dénonçant les conditions désastreuses après l’incendie du camp de Moria, Grèce
Agriculteur du village de Sintchane-Kayes, Mali
Les migrants au Venezuela
robinet

AFRIQUE DE L’EST
Répondre à une grave insécurité alimentaire 

Plus de 44 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire en Éthiopie, au Kenya, en Somalie et au Soudan du Sud. Le nombre de personnes confrontées à une grave insécurité alimentaire (28 millions) a plus que quadruplé au cours des cinq dernières années. 

Le dérèglement climatique, qui se traduit en Afrique de l’Est par des pluies irrégulières, a prolongé une grave sécheresse qui avait débuté en 2021, aggravant la situation humanitaire déjà désastreuse causée par les conflits, la pandémie de COVID-19 et la pire invasion de criquets depuis 70 ans. 

La guerre en Ukraine et son impact sur les systèmes alimentaires mondiaux, le prix de l’énergie et l’économie mondiale ont exacerbé la situation : les prix des denrées alimentaires ont flambé de 40 % dans certains pays. Plus de 13 millions de personnes ont été contraintes de quitter leur terre pour trouver et l’eau et des pâturages, tandis que des millions d’autres ont dû fuir leur domicile en raison des conflits dans la région.

Oxfam et ses partenaires apportent un soutien vital à des millions de personnes dans la région. Nous aidons également les communautés à devenir plus résilientes face au dérèglement climatique, en travaillant sur des programmes de réhabilitation et en développant des solutions durables pour l’avenir. 

SYRIE
La plus grande crise des personnes réfugiées au monde

Des centaines de milliers de personnes ont perdu la vie en Syrie depuis le début de la guerre civile il y a plus de dix ans. Plus de 12 millions de personnes ont fui leur foyer, et beaucoup ont dû se déplacer à plusieurs reprises. Plus de 5 millions de réfugié·es ont rejoint les pays voisins, notamment la Jordanie, le Liban et la Turquie, vivant pour la plupart dans une pauvreté extrême. Les écoles, les habitations et les hôpitaux ont été détruits, certains quartiers sont privés d’eau potable et d’installations sanitaires, les prix des denrées alimentaires ont grimpé en flèche et l’économie est au bord de l’effondrement.  

Bien que le conflit n’ait plus la même ampleur qu’à une époque, plus de 80 % des Syrien·nes vivent en dessous du seuil de pauvreté. De nombreuses femmes deviennent la source principale de revenus de la famille et doivent se démener pour trouver de quoi manger ; plus de 12 millions de femmes, d’hommes et d’enfants se couchent le ventre vide chaque soir.   

Oxfam intervient dans huit des 14 gouvernorats de Syrie. Nos opérations se concentrent sur la fourniture d’eau potable aux personnes touchées par le conflit grâce à la réhabilitation des infrastructures d’eau, à l’importation d’eau par camions-citernes et à la restauration des sources d’eau locales.   

Nous fournissons à certaines des familles les plus vulnérables une aide monétaire pour répondre à leurs besoins urgents. Nous distribuons au besoin des denrées alimentaires et soutenons les agriculteurs et les agricultrices en leur offrant des formations, des semences et des plants pour leur permettre de produire et de gagner leur vie. 

MOLDAVIE, POLOGNE, ROUMANIE, UKRAINE
Blessures de guerre

L’impact de la guerre en Ukraine a été dévastateur. Entre le 24 février 2022, date du premier assaut à grande échelle de la Fédération de Russie, et le 30 juillet 2023, 9 369 personnes ont été tuées et 16 646 blessées, sans parler de la destruction massive des infrastructures clés comme les hôpitaux, les écoles et les installations d’eau. Le conflit a entraîné le déplacement de quelque 14 millions de personnes, principalement vers la Pologne, la Roumanie et la Moldavie. 90 % de ces personnes étaient des femmes, des enfants et des personnes âgées. Bon nombre d’entre elles ont été traumatisées par la guerre, la séparation et leur long et éprouvant périple, exacerbé par les difficultés habituelles auxquels sont confronté·es tou·tes les réfugié·es : conditions de vie épouvantables, barrières linguistiques et difficultés d’accès aux conseils juridiques, notamment. 

Ces personnes s’exposent aux risques de traite, d’extorsion et de violences basées sur le genre. Les catégories les plus exposées sont les groupes minoritaires tels que les Roms, les personnes LGBTQIA+, les personnes originaires de pays hors Ukraine et UE, ainsi que les jeunes femmes et les enfants voyageant seul·es. 

Oxfam finance et travaille avec environ 35 organisations locales de la société civile, soutenant le travail humanitaire en Ukraine et dans les pays voisins.  

Ensemble, nous avons fourni une aide et une protection vitales sous la forme de services d’eau et d’assainissement, d’abris, de denrées alimentaires, d’aide monétaire, d’assistance juridique, de conseils et de services d’intégration (aide linguistique et aide à la recherche d’emploi).  

SYRIE, TURQUIE
Affecté·es à deux reprises

Oxfam travaille avec les communautés et les partenaires au niveau local suite au séisme de magnitude 7,8 qui a secoué le sud-est de la Turquie et le nord de la Syrie le 6 février 2023. Certaines zones de Hatay, la province la plus méridionale de Turquie, ont été pratiquement rasées. De nombreux bâtiments qui ne se sont pas effondrés sont criblés de fissures et devront être démolis. Ces destructions ont laissé des millions de personnes sans abri dans une région déjà profondément affectée par plus d’une décennie de guerre. Si de nombreuses personnes ont quitté la région et sont hébergées par leur famille, plus d’un million d’autres vivent dans des abris d’urgence surpeuplés ou sous des tentes. 

Les réfugié·es syrien·nes qui s’étaient installé·es en Turquie au cours des 12 dernières années pour échapper à la guerre civile figurent parmi les personnes les plus exposées face à l’urgence. La Turquie est le pays qui accueille le plus grand nombre de réfugié·es dans le monde (environ 3,7 millions de personnes. Les 11 provinces touchées par le récent séisme accueillent à elles seules plus de 1,7 million de réfugié·es. Bon nombre de réfugié·es qui avaient déjà refait leur vie en Turquie se retrouvent dans des abris temporaires jusqu’à ce que leur situation s’améliore. 

Oxfam a planifié une réponse sur trois ans. À long terme, nous travaillerons avec nos partenaires pour créer des emplois et des opportunités génératrices de revenus afin d’aider les communautés à subvenir à leurs besoins après la catastrophe.    

PAKISTAN
Les pires inondations jamais enregistrées

Des inondations sans précédent ont ravagé plusieurs régions du Pakistan entre juillet et septembre 2022. Des habitations, des terres agricoles, du bétail et des infrastructures vitales ont été emportés. Classées par l’Organisation mondiale de la santé comme les pires inondations jamais enregistrées au Pakistan, celles-ci ont causé la mort d’au moins 1 700 personnes. 33 millions de personnes ont perdu leur logement, leurs terres ou leur emploi.

L’intervention humanitaire initiale s’est concentrée sur les besoins vitaux, en particulier au Baloutchistan et au Sindh, les provinces les plus touchées. L’intervention d’Oxfam a été menée par des organisations partenaires locales comme LHDP, MDF, SAFWCO, SPO, TKF, les organisations de défense des droits des femmes ARTS Foundation et SHADE, ainsi que les partenaires assurant le travail de campagne et de plaidoyer Indus Consortium et SDPI

La crise a touché les femmes, les filles et les personnes non binaires de manière disproportionnée. À cause des destructions, il fallait marcher jusqu’aux latrines communautaires, et les filles rechignaient à s’y rendre pendant la nuit (ou leurs familles le leur interdisaient). Les travaux urgents comprenaient la construction de nouvelles latrines et de nouvelles installations sanitaires. Les partenaires d’Oxfam ont également distribué des kits de dignité (avec des produits menstruels), ainsi que des moustiquaires, des kits de préparation à l’hiver, des seaux et d’autres produits d’hygiène. Les activités de protection sociale comprenaient la mise en place d’espaces d’apprentissage sûrs adaptés aux femmes pour permettre l’éducation et le partage des connaissances dans un environnement sécurisé.   

L’assistance monétaire polyvalente et les subventions accordées pour l’agriculture, les jardins potagers, le bétail et les petits commerces ont été essentielles pour aider les communautés à reconstruire leurs moyens de subsistance et à retrouver une vie normale. Un an plus tard, 10,5 millions de personnes seraient toujours en situation d’insécurité alimentaire. Mais les familles se remettent progressivement à reconstruire leurs logements.

GRÈCE
Une action en justice en faveur de procédures d’asile équitables 

Des millions de femmes, d’hommes et d’enfants fuyant la guerre, les persécutions, les catastrophes et la pauvreté se sont rendu·es en Grèce ou ont traversé le pays en quête de sécurité et d’une vie meilleure en Europe. Oxfam s’inquiète depuis des années des mauvaises conditions de vie, de la surpopulation et du manque de soins médicaux pour les personnes hébergées dans les centres d’accueil sur les îles grecques, des personnes qui doivent s’y retrouver dans des systèmes juridiques complexes tout en souffrant souvent de traumatismes, de problèmes de santé et de handicaps.

Avec d’autres organisations soucieuses des droits humains, nous avons déposé une plainte conjointe en septembre 2020. En mars 2022, nous avons publié un rapport sur les centres de quasi-incarcération à Samos, en collaboration avec le Conseil grec pour les réfugiés. En mai, nous avons publié une note d’information révélant une approche à deux niveaux dans l’accueil réservé par la Grèce aux réfugié·es, avec d’une part l’accueil des personnes fuyant l’Ukraine et d’autre part des « refoulements » violents de demandeurs et demandeuses d’asile venu·es d’ailleurs. En juillet, la Médiatrice européenne a lancé une enquête sur les centres financés par l’UE et dont l’accès est strictement contrôlé, demandant à la Commission européenne comment elle assure le respect des droits fondamentaux dans ces centres. Oxfam est l’une des rares organisations retenues par la Médiatrice pour contribuer à l’enquête.    

En janvier 2023, la Commission européenne a annoncé avoir entamé des poursuites pour infraction à l’encontre du gouvernement grec, ce qui constitue une avancée majeure. Les procédures d’infraction sont généralement longues, mais nous espérons que cela permettra de mettre fin aux pratiques de détention arbitraire, d’améliorer les conditions d’accueil et de rendre les procédures d’asile plus accessibles aux réfugié·es.

AFRIQUE DE L’OUEST
Exploiter les données pour lutter contre la crise alimentaire

Avec ses alliés et partenaires, Oxfam joue un rôle clé dans l’élaboration d’un système destiné à aider les populations des communautés d’Afrique de l’Ouest à prévenir et à gérer les graves pénuries alimentaires.     

Lancé il y a plus de 20 ans, le Cadre Hamonisé est devenu un système inédit fondé sur des données tangibles. Il utilise des données comme le prix des denrées alimentaires de base, le suivi des saisons agropastorales et la vulnérabilité des ménages pour analyser les tendances actuelles de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, ce qui permet d’identifier les zones présentant un risque aigu de crise alimentaire.

Les gouvernements et les ONG peuvent ensuite utiliser ces informations pour élaborer des plans d’intervention face à une crise, lancer des alertes, plaider en faveur du financement des réponses et diffuser des messages publics pour lutter contre les pénuries alimentaires. La coordination nationale et régionale de la réponse est assurée par des consultations trimestrielles inclusives avec la société civile, les gouvernements, les institutions et les bailleurs.

En 2022, Oxfam a aidé les coalitions nationales et régionales de la société civile à participer au processus et à adopter le Cadre Harmonisé. Aux côtés d’organisations de la société civile nationale et régionale, Oxfam a élaboré un plaidoyer pour alerter les bailleurs sur la crise alimentaire au Sahel, ce qui a permis d’augmenter le niveau de financement des plans d’intervention. Jusqu’en novembre 2022, Oxfam, Save the Children et Action contre la faim ont réussi à mobiliser près de 52 millions d’euros pour aider les personnes touchées par la crise alimentaire au Nigeria et au Sahel. 

VÉNÉZUELA
Tous les points de vue comptent

Le Tracker des Perceptions Communautaires (ou CPT, Community Perception Tracker) d’Oxfam est utilisé depuis 2018 pour recueillir et comprendre les perceptions (idées et commentaires) pendant les épidémies et améliorer nos interventions en situation d’urgence. Mais au Venezuela, nous avons fait un pas en avant en 2023 en passant d’un focus COVID-19 à une approche plus holistique qui place les communautés au cœur du processus décisionnel. 

L’outil CPT a permis aux partenaires et à Oxfam de mieux répondre aux préférences des populations. Le nouvel outil CPT ne pose pas de questions, mais ouvre un espace de discussion sûr où les personnes partagent les informations de leur choix sur leur situation. Cela permet de mieux appréhender ce dont les communautés ont le plus besoin. En outre, le processus d’écoute active a renforcé les relations du partenaire avec les communautés et les personnes ont partagé des perceptions plus personnelles au fur et à mesure que la confiance s’installait.  

Le travail effectué au Venezuela nous a appris que l’autonomisation des communautés n’est possible qu’en adoptant une attitude transparente, humble et honnête, qui renforce la capacité d’agir des communautés. 

Nous avons également appris à ne pas utiliser de formulations techniques dans nos questions, car cela empêche souvent les gens de partager leurs perceptions. Enfin, nous devons veiller à ce que nos actions répondent directement aux perceptions des communautés et à mieux concevoir nos plans d’action communautaires. 

TCHAD
Des solutions innovantes pour l’eau souterraine 

L’eau potable constitue l’essence même de la vie humaine. Mais avoir accès à l’eau dans les zones arides reculées et touchées par les crises peut représenter un véritable défi.

Au Tchad, où le nombre de personnes déplacées a triplé depuis 2020, l’accès à l’eau est pour le moins compliqué. Si l’eau ne manque pas dans les puits peu profonds et les forages, elle est le plus souvent impropre à la consommation humaine en raison de sa salinité. Par ailleurs, le transport de l’eau par camion sur de longues distances se révèle souvent trop coûteux pour les personnes déplacées et consomme des combustibles fossiles. Dans le secteur humanitaire, il existe très peu d’exemples de projets durables réussis visant à rendre l’eau salubre et abordable. L’aide humanitaire internationale étant temporaire, la moindre initiative doit tenir compte de la viabilité technique et financière à long terme, ainsi que de l’impact sur l’environnement.

Avec le soutien de bailleurs et de partenaires, Oxfam utilise des unités de dessalement fonctionnant à l’énergie solaire pour rendre l’eau salubre dans des zones reculées. Par le passé, la purification de l’eau par dessalement n’était pas idéale en raison de sa complexité technique et des coûts d’installation et de maintenance. Le dessalement par osmose inverse, un système intégrant des filtres et des membranes pour séparer la saumure de l’eau douce, est une technologie éprouvée et mature qu’Oxfam utilise en Iraq, au Kenya, en Palestine, au Somaliland, en Syrie et au Yémen. Au cours des dix dernières années, une nouvelle génération de produits photovoltaïques a rendu le dessalement par osmose inverse fonctionnant à l’énergie solaire plus fiable et plus abordable.

Au Tchad, alors que des milliers de personnes ont un besoin urgent d’eau potable, les défis logistiques et techniques n’ont pas permis d’apporter des solutions durables, du moins jusqu’à présent. En 2022, Oxfam a réalisé une étude de faisabilité en s’appuyant sur notre propre Fonds d’innovation WASH, qui fournit le financement initial pour des travaux novateurs dans le domaine de l’eau et de l’assainissement. Cette étude a conclu que le traitement par osmose inverse alimenté par l’énergie solaire permet de fournir de l’eau salubre à un coût nettement inférieur à celui de la pratique actuelle (transport par camions-citernes). Mais divers obstacles subsistent. Par exemple, les systèmes de dessalement nécessitent une expertise technique qui sort des compétences classiques des comités de gestion communautaires. Il convient donc de s’associer à des organisations professionnelles pour superviser leur fonctionnement.   

Enfin, l’étude a permis d’élaborer un plan de mise en œuvre sur trois ans qui vise à fournir cinq à dix litres d’eau potable par personne et par jour à 10 000 bénéficiaires dans le bassin du lac Tchad, grâce à huit installations dont le coût sera nettement inférieur à celui de toute autre solution mise en œuvre jusqu’à présent.

Nous souhaitons que ce projet au Tchad puisse être reproduit dans d’autres contextes humanitaires afin de répondre aux besoins en eau d’innombrables communautés, grâce à des systèmes fonctionnant avec des énergies renouvelables.

Ali Shire Omar, agriculteur
Ali Shire Omar, agriculteur
De l'eau est distribuée dans le sud-est de la Turquie et en Syrie après le tremblement de terre
De l'eau est distribuée dans le sud-est de la Turquie et en Syrie après le tremblement de terre
Une réfugiée ukrainienne
Une réfugiée ukrainienne
Les membres de la coopérative des femmes Matiya et du programme de leadership de quartier d'Oxfam KEDV emballent les repas préparés
Les membres de la coopérative des femmes Matiya et du programme de leadership de quartier d'Oxfam KEDV emballent les repas préparés
L'imam, épouse d'Abdul Latif, lave les mains de ses enfants avec les eaux de crue
L'imam, épouse d'Abdul Latif, lave les mains de ses enfants avec les eaux de crue
Personnes protestant contre les circonstances désastreuses après l’incendie du camp de Moria, Grèce
Personnes protestant contre les circonstances désastreuses après l’incendie du camp de Moria, Grèce
Agriculteur du village de Sintchane-Kayes, Mali
Agriculteur du village de Sintchane-Kayes, Mali
Les migrants au Venezuela
Les migrants au Venezuela
robinet
robinet

AFRIQUE DE L’EST
Répondre à une grave insécurité alimentaire 

Plus de 44 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire en Éthiopie, au Kenya, en Somalie et au Soudan du Sud. Le nombre de personnes confrontées à une grave insécurité alimentaire (28 millions) a plus que quadruplé au cours des cinq dernières années. 

Le dérèglement climatique, qui se traduit en Afrique de l’Est par des pluies irrégulières, a prolongé une grave sécheresse qui avait débuté en 2021, aggravant la situation humanitaire déjà désastreuse causée par les conflits, la pandémie de COVID-19 et la pire invasion de criquets depuis 70 ans. 

La guerre en Ukraine et son impact sur les systèmes alimentaires mondiaux, le prix de l’énergie et l’économie mondiale ont exacerbé la situation : les prix des denrées alimentaires ont flambé de 40 % dans certains pays. Plus de 13 millions de personnes ont été contraintes de quitter leur terre pour trouver et l’eau et des pâturages, tandis que des millions d’autres ont dû fuir leur domicile en raison des conflits dans la région.

Oxfam et ses partenaires apportent un soutien vital à des millions de personnes dans la région. Nous aidons également les communautés à devenir plus résilientes face au dérèglement climatique, en travaillant sur des programmes de réhabilitation et en développant des solutions durables pour l’avenir. 

SYRIE
La plus grande crise des personnes réfugiées au monde

Des centaines de milliers de personnes ont perdu la vie en Syrie depuis le début de la guerre civile il y a plus de dix ans. Plus de 12 millions de personnes ont fui leur foyer, et beaucoup ont dû se déplacer à plusieurs reprises. Plus de 5 millions de réfugié·es ont rejoint les pays voisins, notamment la Jordanie, le Liban et la Turquie, vivant pour la plupart dans une pauvreté extrême. Les écoles, les habitations et les hôpitaux ont été détruits, certains quartiers sont privés d’eau potable et d’installations sanitaires, les prix des denrées alimentaires ont grimpé en flèche et l’économie est au bord de l’effondrement.  

Bien que le conflit n’ait plus la même ampleur qu’à une époque, plus de 80 % des Syrien·nes vivent en dessous du seuil de pauvreté. De nombreuses femmes deviennent la source principale de revenus de la famille et doivent se démener pour trouver de quoi manger ; plus de 12 millions de femmes, d’hommes et d’enfants se couchent le ventre vide chaque soir.   

Oxfam intervient dans huit des 14 gouvernorats de Syrie. Nos opérations se concentrent sur la fourniture d’eau potable aux personnes touchées par le conflit grâce à la réhabilitation des infrastructures d’eau, à l’importation d’eau par camions-citernes et à la restauration des sources d’eau locales.   

Nous fournissons à certaines des familles les plus vulnérables une aide monétaire pour répondre à leurs besoins urgents. Nous distribuons au besoin des denrées alimentaires et soutenons les agriculteurs et les agricultrices en leur offrant des formations, des semences et des plants pour leur permettre de produire et de gagner leur vie. 

MOLDAVIE, POLOGNE, ROUMANIE, UKRAINE
Blessures de guerre

L’impact de la guerre en Ukraine a été dévastateur. Entre le 24 février 2022, date du premier assaut à grande échelle de la Fédération de Russie, et le 30 juillet 2023, 9 369 personnes ont été tuées et 16 646 blessées, sans parler de la destruction massive des infrastructures clés comme les hôpitaux, les écoles et les installations d’eau. Le conflit a entraîné le déplacement de quelque 14 millions de personnes, principalement vers la Pologne, la Roumanie et la Moldavie. 90 % de ces personnes étaient des femmes, des enfants et des personnes âgées. Bon nombre d’entre elles ont été traumatisées par la guerre, la séparation et leur long et éprouvant périple, exacerbé par les difficultés habituelles auxquels sont confronté·es tou·tes les réfugié·es : conditions de vie épouvantables, barrières linguistiques et difficultés d’accès aux conseils juridiques, notamment. 

Ces personnes s’exposent aux risques de traite, d’extorsion et de violences basées sur le genre. Les catégories les plus exposées sont les groupes minoritaires tels que les Roms, les personnes LGBTQIA+, les personnes originaires de pays hors Ukraine et UE, ainsi que les jeunes femmes et les enfants voyageant seul·es. 

Oxfam finance et travaille avec environ 35 organisations locales de la société civile, soutenant le travail humanitaire en Ukraine et dans les pays voisins.  

Ensemble, nous avons fourni une aide et une protection vitales sous la forme de services d’eau et d’assainissement, d’abris, de denrées alimentaires, d’aide monétaire, d’assistance juridique, de conseils et de services d’intégration (aide linguistique et aide à la recherche d’emploi).  

SYRIE, TURQUIE
Affecté·es à deux reprises

Oxfam travaille avec les communautés et les partenaires au niveau local suite au séisme de magnitude 7,8 qui a secoué le sud-est de la Turquie et le nord de la Syrie le 6 février 2023. Certaines zones de Hatay, la province la plus méridionale de Turquie, ont été pratiquement rasées. De nombreux bâtiments qui ne se sont pas effondrés sont criblés de fissures et devront être démolis. Ces destructions ont laissé des millions de personnes sans abri dans une région déjà profondément affectée par plus d’une décennie de guerre. Si de nombreuses personnes ont quitté la région et sont hébergées par leur famille, plus d’un million d’autres vivent dans des abris d’urgence surpeuplés ou sous des tentes. 

Les réfugié·es syrien·nes qui s’étaient installé·es en Turquie au cours des 12 dernières années pour échapper à la guerre civile figurent parmi les personnes les plus exposées face à l’urgence. La Turquie est le pays qui accueille le plus grand nombre de réfugié·es dans le monde (environ 3,7 millions de personnes. Les 11 provinces touchées par le récent séisme accueillent à elles seules plus de 1,7 million de réfugié·es. Bon nombre de réfugié·es qui avaient déjà refait leur vie en Turquie se retrouvent dans des abris temporaires jusqu’à ce que leur situation s’améliore. 

Oxfam a planifié une réponse sur trois ans. À long terme, nous travaillerons avec nos partenaires pour créer des emplois et des opportunités génératrices de revenus afin d’aider les communautés à subvenir à leurs besoins après la catastrophe.    

PAKISTAN
Les pires inondations jamais enregistrées

Des inondations sans précédent ont ravagé plusieurs régions du Pakistan entre juillet et septembre 2022. Des habitations, des terres agricoles, du bétail et des infrastructures vitales ont été emportés. Classées par l’Organisation mondiale de la santé comme les pires inondations jamais enregistrées au Pakistan, celles-ci ont causé la mort d’au moins 1 700 personnes. 33 millions de personnes ont perdu leur logement, leurs terres ou leur emploi.

L’intervention humanitaire initiale s’est concentrée sur les besoins vitaux, en particulier au Baloutchistan et au Sindh, les provinces les plus touchées. L’intervention d’Oxfam a été menée par des organisations partenaires locales comme LHDP, MDF, SAFWCO, SPO, TKF, les organisations de défense des droits des femmes ARTS Foundation et SHADE, ainsi que les partenaires assurant le travail de campagne et de plaidoyer Indus Consortium et SDPI

La crise a touché les femmes, les filles et les personnes non binaires de manière disproportionnée. À cause des destructions, il fallait marcher jusqu’aux latrines communautaires, et les filles rechignaient à s’y rendre pendant la nuit (ou leurs familles le leur interdisaient). Les travaux urgents comprenaient la construction de nouvelles latrines et de nouvelles installations sanitaires. Les partenaires d’Oxfam ont également distribué des kits de dignité (avec des produits menstruels), ainsi que des moustiquaires, des kits de préparation à l’hiver, des seaux et d’autres produits d’hygiène. Les activités de protection sociale comprenaient la mise en place d’espaces d’apprentissage sûrs adaptés aux femmes pour permettre l’éducation et le partage des connaissances dans un environnement sécurisé.   

L’assistance monétaire polyvalente et les subventions accordées pour l’agriculture, les jardins potagers, le bétail et les petits commerces ont été essentielles pour aider les communautés à reconstruire leurs moyens de subsistance et à retrouver une vie normale. Un an plus tard, 10,5 millions de personnes seraient toujours en situation d’insécurité alimentaire. Mais les familles se remettent progressivement à reconstruire leurs logements.

GRÈCE
Une action en justice en faveur de procédures d’asile équitables 

Des millions de femmes, d’hommes et d’enfants fuyant la guerre, les persécutions, les catastrophes et la pauvreté se sont rendu·es en Grèce ou ont traversé le pays en quête de sécurité et d’une vie meilleure en Europe. Oxfam s’inquiète depuis des années des mauvaises conditions de vie, de la surpopulation et du manque de soins médicaux pour les personnes hébergées dans les centres d’accueil sur les îles grecques, des personnes qui doivent s’y retrouver dans des systèmes juridiques complexes tout en souffrant souvent de traumatismes, de problèmes de santé et de handicaps.

Avec d’autres organisations soucieuses des droits humains, nous avons déposé une plainte conjointe en septembre 2020. En mars 2022, nous avons publié un rapport sur les centres de quasi-incarcération à Samos, en collaboration avec le Conseil grec pour les réfugiés. En mai, nous avons publié une note d’information révélant une approche à deux niveaux dans l’accueil réservé par la Grèce aux réfugié·es, avec d’une part l’accueil des personnes fuyant l’Ukraine et d’autre part des « refoulements » violents de demandeurs et demandeuses d’asile venu·es d’ailleurs. En juillet, la Médiatrice européenne a lancé une enquête sur les centres financés par l’UE et dont l’accès est strictement contrôlé, demandant à la Commission européenne comment elle assure le respect des droits fondamentaux dans ces centres. Oxfam est l’une des rares organisations retenues par la Médiatrice pour contribuer à l’enquête.    

En janvier 2023, la Commission européenne a annoncé avoir entamé des poursuites pour infraction à l’encontre du gouvernement grec, ce qui constitue une avancée majeure. Les procédures d’infraction sont généralement longues, mais nous espérons que cela permettra de mettre fin aux pratiques de détention arbitraire, d’améliorer les conditions d’accueil et de rendre les procédures d’asile plus accessibles aux réfugié·es.

AFRIQUE DE L’OUEST
Exploiter les données pour lutter contre la crise alimentaire

Avec ses alliés et partenaires, Oxfam joue un rôle clé dans l’élaboration d’un système destiné à aider les populations des communautés d’Afrique de l’Ouest à prévenir et à gérer les graves pénuries alimentaires.     

Lancé il y a plus de 20 ans, le Cadre Hamonisé est devenu un système inédit fondé sur des données tangibles. Il utilise des données comme le prix des denrées alimentaires de base, le suivi des saisons agropastorales et la vulnérabilité des ménages pour analyser les tendances actuelles de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, ce qui permet d’identifier les zones présentant un risque aigu de crise alimentaire.

Les gouvernements et les ONG peuvent ensuite utiliser ces informations pour élaborer des plans d’intervention face à une crise, lancer des alertes, plaider en faveur du financement des réponses et diffuser des messages publics pour lutter contre les pénuries alimentaires. La coordination nationale et régionale de la réponse est assurée par des consultations trimestrielles inclusives avec la société civile, les gouvernements, les institutions et les bailleurs.

En 2022, Oxfam a aidé les coalitions nationales et régionales de la société civile à participer au processus et à adopter le Cadre Harmonisé. Aux côtés d’organisations de la société civile nationale et régionale, Oxfam a élaboré un plaidoyer pour alerter les bailleurs sur la crise alimentaire au Sahel, ce qui a permis d’augmenter le niveau de financement des plans d’intervention. Jusqu’en novembre 2022, Oxfam, Save the Children et Action contre la faim ont réussi à mobiliser près de 52 millions d’euros pour aider les personnes touchées par la crise alimentaire au Nigeria et au Sahel. 

VÉNÉZUELA
Tous les points de vue comptent

Le Tracker des Perceptions Communautaires (ou CPT, Community Perception Tracker) d’Oxfam est utilisé depuis 2018 pour recueillir et comprendre les perceptions (idées et commentaires) pendant les épidémies et améliorer nos interventions en situation d’urgence. Mais au Venezuela, nous avons fait un pas en avant en 2023 en passant d’un focus COVID-19 à une approche plus holistique qui place les communautés au cœur du processus décisionnel. 

L’outil CPT a permis aux partenaires et à Oxfam de mieux répondre aux préférences des populations. Le nouvel outil CPT ne pose pas de questions, mais ouvre un espace de discussion sûr où les personnes partagent les informations de leur choix sur leur situation. Cela permet de mieux appréhender ce dont les communautés ont le plus besoin. En outre, le processus d’écoute active a renforcé les relations du partenaire avec les communautés et les personnes ont partagé des perceptions plus personnelles au fur et à mesure que la confiance s’installait.  

Le travail effectué au Venezuela nous a appris que l’autonomisation des communautés n’est possible qu’en adoptant une attitude transparente, humble et honnête, qui renforce la capacité d’agir des communautés. 

Nous avons également appris à ne pas utiliser de formulations techniques dans nos questions, car cela empêche souvent les gens de partager leurs perceptions. Enfin, nous devons veiller à ce que nos actions répondent directement aux perceptions des communautés et à mieux concevoir nos plans d’action communautaires. 

TCHAD
Des solutions innovantes pour l’eau souterraine 

L’eau potable constitue l’essence même de la vie humaine. Mais avoir accès à l’eau dans les zones arides reculées et touchées par les crises peut représenter un véritable défi.

Au Tchad, où le nombre de personnes déplacées a triplé depuis 2020, l’accès à l’eau est pour le moins compliqué. Si l’eau ne manque pas dans les puits peu profonds et les forages, elle est le plus souvent impropre à la consommation humaine en raison de sa salinité. Par ailleurs, le transport de l’eau par camion sur de longues distances se révèle souvent trop coûteux pour les personnes déplacées et consomme des combustibles fossiles. Dans le secteur humanitaire, il existe très peu d’exemples de projets durables réussis visant à rendre l’eau salubre et abordable. L’aide humanitaire internationale étant temporaire, la moindre initiative doit tenir compte de la viabilité technique et financière à long terme, ainsi que de l’impact sur l’environnement.

Avec le soutien de bailleurs et de partenaires, Oxfam utilise des unités de dessalement fonctionnant à l’énergie solaire pour rendre l’eau salubre dans des zones reculées. Par le passé, la purification de l’eau par dessalement n’était pas idéale en raison de sa complexité technique et des coûts d’installation et de maintenance. Le dessalement par osmose inverse, un système intégrant des filtres et des membranes pour séparer la saumure de l’eau douce, est une technologie éprouvée et mature qu’Oxfam utilise en Iraq, au Kenya, en Palestine, au Somaliland, en Syrie et au Yémen. Au cours des dix dernières années, une nouvelle génération de produits photovoltaïques a rendu le dessalement par osmose inverse fonctionnant à l’énergie solaire plus fiable et plus abordable.

Au Tchad, alors que des milliers de personnes ont un besoin urgent d’eau potable, les défis logistiques et techniques n’ont pas permis d’apporter des solutions durables, du moins jusqu’à présent. En 2022, Oxfam a réalisé une étude de faisabilité en s’appuyant sur notre propre Fonds d’innovation WASH, qui fournit le financement initial pour des travaux novateurs dans le domaine de l’eau et de l’assainissement. Cette étude a conclu que le traitement par osmose inverse alimenté par l’énergie solaire permet de fournir de l’eau salubre à un coût nettement inférieur à celui de la pratique actuelle (transport par camions-citernes). Mais divers obstacles subsistent. Par exemple, les systèmes de dessalement nécessitent une expertise technique qui sort des compétences classiques des comités de gestion communautaires. Il convient donc de s’associer à des organisations professionnelles pour superviser leur fonctionnement.   

Enfin, l’étude a permis d’élaborer un plan de mise en œuvre sur trois ans qui vise à fournir cinq à dix litres d’eau potable par personne et par jour à 10 000 bénéficiaires dans le bassin du lac Tchad, grâce à huit installations dont le coût sera nettement inférieur à celui de toute autre solution mise en œuvre jusqu’à présent.

Nous souhaitons que ce projet au Tchad puisse être reproduit dans d’autres contextes humanitaires afin de répondre aux besoins en eau d’innombrables communautés, grâce à des systèmes fonctionnant avec des énergies renouvelables.

Travailleur d'Oxfam
Vue aérienne du bateau
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